By now you should've somehow [
Maintenant, tu devrais quelque peu
Realized what you gotta do [
T’être rendu compte de ce que tu dois faire
J’ai déjà vu V faire connaissance avec des gens qu’elle ne connaissait pas, dans des situations plus étranges les unes que les autres, où tout le monde tombait sous son charme. Mais là, se tenant près de sa LeBaron, tenant un bouquet de fleurs, j’ai vu Veronica comme je ne l'avais jamais vue auparavant : nerveuse.
Tous mes neveux et nièces l'observaient, de même que la plupart de mes cousins, Diego lorgnant d’ailleurs sur elle d’une façon qui ne me plaisait pas du tout, aussi ai-je activé le pas pour la rejoindre. Quand son visage fondit en ce sourire que j’aime tant, et qu’elle inclina la tête, je dus me retenir de la prendre dans mes bras.
« Hé, » me salua-t-elle doucement.
« Jolies fleurs », lui dis-je.
« Ce sont des
Suzanne aux yeux noirs, » m’a-t-elle informé. « Ou du moins c’est ce que la femme tenant le stand sur le bord de la route m’a dit. »
« Et tu les as apportées parce que ? »
Se balançant légèrement d’un pied sur l’autre, elle dit, « J’ai pensé que je devrais apporter quelque chose, et puisque les seules choses que nous ayons en ce moment à l’appartement Papa et moi, ce sont des Cheerios et de la Velveeta, je me suis dit que des fleurs, ce serait bien. »
«
Abuelita les aimera, » lui assurai-je, me penchant pour l'embrasser. Elle m'avait taquiné il y a une semaine environ sur le fait que je ne pouvais pas tenir plus de 3 minutes avant de l’embrasser quand je la voyais, et elle avait raison. Je pourrais passer ma journée à l’embrasser, et ce, sans en être fatigué.
Elle m’étonna en s’écartant rapidement de moi et, suivant son regard, je vis Ophélia qui se tenait près de moi. Avec un grand sourire, elle dit à V, « c’est toi la copine d’Oncle Eli ? »
« Exact, » acquiesça Veronica.
« Elles sont jolies tes fleurs, » déclara ma petite escroqueuse en herbe, jouant de ses cils de la même façon qu’elle le faisait avec moi pour que je lui paie une glace. Veronica, en bon petit détective, l’avait compris, et retira une fleur du bouquet et la lui tendit, en chuchotant, « je ne pense pas que ta grand-mère s’apercevra qu’il en manque une. »
« Merci ! »
Comme Ophélia partait en courant, Veronica me demanda, « pourquoi est-ce qu’ils me regardent tous ? »
« Parce que les seules personnes blanches qui se présentent ici sont soit des huissiers ou des flics, » lui répondis-je, ne plaisantant qu’à moitié. Quand je passai un bras autour de sa taille, je me rendis compte qu’elle était extrêmement tendue « Détends-toi, V, tout va bien se passer. »
« J'essaie ! »
Elle semblait stressée, ce n’était pas du tout la Veronica que je connaissais. Avant que je ne puisse lui demander ce qui n’allait pas,
Abuelita apparut sur le porche, s'essuyant les mains sur un torchon, « Veronica ! Comment vas-tu mon cœur ? Les fleurs sont pour moi ? »
Voyant le sourire de ma grand-mère, Veronica se détendit légèrement et répondit, « bonjour, Mme. Navarro. Je vais bien. Merci de m'inviter pour le déjeuner. »
« Oh, mais appelle-moi Letty, mon poussin. Bon, il faut aller mettre ces fleurs dans de l'eau, et pendant ce temps-là je vais te présenter la famille. Eli, pourquoi tu n’irais pas aider Anita à mettre la table dehors ? »
Ne voulant pas laisser V seule, je commençai à protester, mais
Abuelita m’interrompit, « je ne vais pas la manger ».
Veronica me fit un petit sourire, puis je fis le tour de la maison. Vu le nombre que nous étions aujourd’hui, nous avions décidé de sortir la table de pique-nique que mes frères et moi avions construite il y a trois étés. Anita était entrain de poser les assiettes sur la table quand j’arrivai. Elle me sauta quasiment dessus « où est ta Barbie ? »
Attrapant un plat, je lui intimai le silence, «Arrête Anita »
« Elle veut juste s’amuser avec toi. Attends qu’elle se trouve quelqu’un de plus riche, ou qu’elle en ait marre de coucher avec toi…. »
« Je t’interdis de parler d’elle comme ça ! ! Et si j’ai besoin de ton avis, je te ferai signe.»
« Je suis ta grande sœur ; et je te donnerai mon avis, que tu le veuilles ou non. »
Reposant le plat avec fracas, je grommelai à son encontre « tu ne sais rien à propos de V et de moi ! Et je le jure devant Dieu, si aujourd’hui tu te conduis mal avec elle… »
Mains sur ses hanches, avec un air de défi dans les yeux, Anita me dit « Quoi ? Qu’est-ce que tu vas me faire, petit frère? »
Il fallait absolument que je m’éloigne d’Anita. J’avais suffisamment de doutes sur notre couple et je n’avais pas besoin d’écouter Anita en rajouter.
La porte de derrière, donnant sur la cuisine, était ouverte. J’y entrai et vis
Abuelita qui montrait à Veronica sa recette pour faire un
arroz con pollo, un des plats au menu d’aujourd’hui ; en voyant cela, je ne pus m’empêcher de sourire. La nourriture était importante pour ma grand-mère, et elle ne montre pas ses recettes à n’importe qui.
M’approchant lentement, je pus entendre Veronica expliquer à
Abuelita, « il n’arrête pas de me dire à quel point c’est son plat préféré. Il en raffole. Mais je n’ose pas le lui faire, de peur de le rater. »
« Ne t’inquiète pas, je te ferai une copie de cette recette, » lui répondit
Abuelita, remettant sa fiche dans sa boîte de recette. « Mon Eli a des goûts très particuliers en ce qui concerne la nourriture. »
« Non, ce n’est pas vrai, » protestai-je, entrant dans la cuisine.
Abuelita leva les yeux au ciel, puis annonça « Le repas est presque prêt. Pourquoi tu ne ferais pas visiter la maison à Veronica? »
Avec un petit scintillement dans l’œil que je savais être la preuve de son côté espiègle, Veronica ajouta, « oui, Eli, allons faire un tour. »
Essayant de ne pas penser à tout ce que je pourrais faire à Veronica, pendant que nous serions seuls, je me contentai d’acquiescer de la tête et lui prit la main.
Notre maison n’était pas grande. C’en était presque affreux ! Notre maison pouvait tenir dans le Pool House des Echolls ! Mais Veronica semblait fascinée par les photos sur les murs et les petites décorations qu’Abuelita avait recueillies au fil du temps. Je venais de lui montrer la chambre d’Abuelita, puis celle qu’Anita, Ophélia et Miguel partageaient, quand, désignant la porte fermée de ma chambre, elle me demanda :
« C’est la tienne ? »
J’acquiesçai de la tête. « J’ai fait le ménage exprès pour toi. »
Baissant la poignée de la porte, elle me taquina, « alors je dois la voir. »
Ma chambre était à peine plus grande qu’un placard, mais je n’avais pas à me plaindre. Après que Papa soit parti en taule et que Maman soit morte d’une overdose, j'avais partagé une chambre avec Diego, Jorge, et Ricardo tandis qu'Anita et Marianne partageaient celle-ci. Dans la chambre que j’avais, il y avait à peine la place pour respirer. Alors avoir une chambre pour moi tout seul, même si elle était petite, c’était le paradis.
Il n'y avait aucun placard dans ma chambre et la seule fenêtre était proche du plafond ; il n’y avait de la place que pour mon lit et une petite table de chevet ; tous les deux n’étant séparés que d’un mètre. Pour autant, Veronica ne sembla pas le remarquer. Elle s’assit sur mon lit et s’empara du bloc à dessin que j’avais laissé ouvert sur la table.
Elle me sourit et dit, « j'avais oublié quel artiste tu étais. »
*
C’est à l’âge de 12 ans que j’entrai avec succès dans le gang des motards après le passage à tabac rituel. Du sang et encore du sang. J’étais rentré chez moi couvert de bleus et de sang. Abuelita avait alors hurlé quand elle m’avait vu rentrer ainsi, escorté par Chardo. Elle m’avait juré qu’elle vivante, je ne ferais jamais parti des motards, comme Jorge et Ricardo. En fait, je crois qu’elle avait toujours su que je deviendrai un des Motards, comme le reste des types du quartier.
Au collège, nous devions nous assoir en fonction de nos noms de familles et c’est ainsi que Veronica s’était retrouvée assise à côté de moi dans le cours d’art plastiques. Le lendemain de cette bagarre, elle avait eu l’air choquée en me voyant entrer d’un pas traînant et couvert de bleus. Durant le cours, le prof nous avait donné un exercice où nous étions censés dessiner un portrait de la personne à côté de nous. Voyant Veronica me jeter de nombreux coups d’œil, je lui avais demandé, « tu as un problème ? »
Alors, avec douceur, elle m’avait expliqué, « tu sais, si quelqu’un te fait du mal, je peux en parler à mon papa »
J’avais éclaté de rire, bien que cela me fasse mal, à cause des bleus « tu penses que ma grand-mère me bat ? »
« Ben, personne ne se fait taper dessus volontairement…» puis elle s'était arrêtée, réalisant « oh…tu es un motard maintenant. »
Saisissant un crayon sur la table, j'avais alors commencé à dessiner son profil sur ma feuille, puis lui avais dit « Nous ne pouvons pas tous traîner avec des gens riches et célèbres. »
Elle avait pris elle aussi un crayon et commencé à dessiner alors que je savais qu’elle réussissait à peine à faire un soleil. Elle m’avait calmement déclaré « Je ne te juge pas, Eli. Alors pourquoi toi, tu me juges ? »
Je ne lui avais pas répondu, me concentrant sur mon dessin. Mes notes n’étaient pas terribles, et Abuelita m’avait mis en garde, si sur le prochain bulletin je n’obtenais pas au moins des « C », elle irait voir une assistante sociale, afin de trouver une solution à mon « potentiel inutilisé. » J’aimais le dessin, et bien que je ne l’aie jamais admis, j’aimais Veronica Mars. Elle n'était pas comme les autres ; elle semblait réellement me voir moi, et non pas un délinquant.
Au moment où la cloche avait sonné, alors que nous rangions le matériel de dessin, Veronica s’était penché vers moi, pour voir mon dessin. Dans un premier temps, j’avais appréhendé sa réaction, puis, souriant, elle m’avait dit :
« J’ai l’air si jolie sur ton dessin… »
Devant son compliment, et ne voulant pas admettre que je la trouvais jolie, je lui avais dit, « n’importe quoi. »
« Est-ce que je pourrais le garder ? »
« Tu veux mon dessin ? »
Rougissant, elle avait juste acquiescé de la tête.
« Ouais, bien sûr. » Elle avait alors pris mon dessin, avec beaucoup de délicatesse, comme si c'était trésor, et m’avait dit, « je te remercie, Eli. »
Jusqu’à la fin du semestre, à chaque fois qu’elle me croisait, elle me souriait.
*
« Tu me dessinerais encore ? » me demanda-t-elle. Sa question me surprit.
« Je pourrais, » ai-je facilement convenu. « En fait, tu adores poser pour moi, pas vrai V ? »
Feuilletant les pages de mon bloc, elle admit, « ça a toujours été difficile de me sentir jolie à côté de Lilly. Ce dessin… il me donne le sentiment, que peut-être je suis jolie… »
Me penchant vers elle, je pris son visage entre mes mains et l’embrassai lentement, profondément, appréciant au passage le goût de son gloss à la fraise, voulant lui montrer au travers d’un seul baiser que pour moi elle était magnifique.
« Aucun dessin n’est capable de restituer ta beauté Chica, aucun. »
Elle m’embrassa à nouveau, attrapant ma lèvre inférieure avec ses dents, et m’attirant vers elle. C’était tellement facile entre nous, tellement évident, que j’en oubliais presque le monde extérieur ; mais qui savait nous faire revenir sur Terre…Diego se racla la gorge alors qu’il nous regardait, amusé, depuis le chambranle de la porte.
« Le déjeuner est prêt. »
Les joues rosies, et reprenant son souffle après nos baisers, V me poussa du coude, « alors nous ferions mieux d’y aller. »
Repensant à ma conversation avec Anita, j'étais heureux du déroulement des évènements.